Voluntary
From 'Paris' chapter from 'Memoirs Of My Life And Writing'

Extracts From The Journal 1763

Fevrier, 23rd Je fis une visite à 1'Abbé de la Bléterie, qui veut me mener chez la Duchesse d'Aiguillon; je me fis écrire chez M. de Bougainville que j'ai grande envie de connoître, et me rendis ensuite chez le Baron d'Olbach, ami de M. Helvétius. C'étoit ma première visite, et le premier pas dans une fort bonne maison. Le Baron a de 1'esprit et des connoissances, et surtout il donne souvent et fort bien à dîner.

Fevrier, 24th L'Abbé Barthelemy est fort aimable et n'a de 1'antiquaire qu'une très grande érudition. Je finis la soirée par un souper très agréable chez Madame Bontems avec M. le Marquis de Mirabeau. Cet homme est singulier; il a assez d'imagination pour dix autres, et pas assez de sens rassis pour lui seul. Je lui ai fait beaucoup de questions sur les titres de la noblesse Françoise: mais tout ce que j'en ai pu comprendre, c'est que personne n'a là dessus des idées bien nettes.

Mai Muni d'une double lettre de recommendation pour M. le Comte de Caylus, je m'étois imaginé que je trouverois réunis en lui 1'homme de lettres et 1'homme de qualité. Je le via trois ou quatre fois, et je via un homme simple, uni, bon, et qui me témoignoit une bonté extrême. Si je n'en ai point profite, je 1'attribue moins à son caractère qu'à son genre de vie. Il se lève de grand matin, court les atteliers des artistes pendant tout le jour, et rentre chez lui à six heures du soir pour se mettre en robe de chambre, et s'enfermer dans son cabinet. Le moyen de voir ses amis?

Si ces recommendations étoient stériles, il y en eut d'autres qui devinrent aussi fécondes par leurs suites, qu'elles étoient agréables en elles mêmes. Dans une capitale comme Paris, il est nécessaire, il est juste que des lettres de rècommendation vous ayent distingué de la foule. Mais dès que la glace est rompue, vos connoissances se multiplient, et vos nouveaux amis se font un plaisiar de vous en procurer d'autres plus nouveaux encore. Heureux effet de ce caractère léger et aimable du François, qui a établi dans Paris une douceur et une liberté dans la société, inconnues à 1'antiquité, et encore ignorées des autres nations. A Londres il faut faire son chemin dans les maisons qui ne s'ouvrent qu'avec peine. Là on croit vous faire plaisir en voua recevant. Ici on croit s'en faire à soi-même. Aussi je connois plus de maisons à Paris qu'à Londres: le fait n'est pas vraisemblable, mais il est vrai.