Devotion
From 'Paris' chapter from 'Memoirs Of My Life And Writing'

Journal, Août 21, 1763 — J'ai dîne à Benans, chez le Prince Louis de Wirtemberg. C'est pour la seconde fois. Il m'avoit prié pour rencontrer le Prince de Ligne, qui nous a fait faux bond. Il paroît que le Prince de Wirtemberg me goute beaucoup. A la politesse aisée et naturelle qu'il a pour tout le monde, il ajoute à mon égard on ton de confiance, d'estime, et presque d'affection. Avec de pareilles manières, il n'est pas possible qu'on Prince vous déplaise. Je trouve à celui-ci de 1'esprit, des connoissances, et beaucoup d'usage du monde. Comme il connoit presque toutes les cours de l'Europe, les anecdotes politiques et militaires, dont il assaisonne sa conversation, la rendent très amusante. Je vois qu'il n'a point 1'orgueil d'un prince Allemand, et 1'indignation qu'il faisoit paroître contre un de ses ancê tres qui avoit voulu vendre un village pour acheter un cheval, me fait espérer qu'il n'en a pas la dureté. Je croirois assez qu'il a toujours un peu manqué de prudence et de conduits; des projets aussi ambitieux que chimé riques dont on l'accuse, sa vie ambulante, ses querelles avec son frère, ses dissipations, sa disgrace à la cour de Vienne ; tout contribue à m'en persuader. Sa situation dans ce pays en est presqu'une preuve. Un prince d'une des premières maisons de 1'empire, relégué (dirai-je) ou retiré en Suisse, où il soutient à peine 1'etat d'un gentilhomme, doit y être un peu par sa faute. Sa femme 1'a accompagne dans sa retraite. C'est une demoiselle Saxonne qu'il a épousé sans biens, et sans beautés. Le public ajouteroit, et sans esprit ; mais je commence à lui en trouver. Comme Is prince s'est mésallié, les loix orgueilleuses de 1'empire excluent ses enfans de la succession. Heureusement ils n'ont encore on qu'une fille. A mon retour de Mésery, j'y ai trouvé deux Anglois qui ont soupé avec nous.